2015-01-08 Centre « Dumitru Staniloae »: Yvan Koenig – Patristique : conférence : Philosophie et culture à Alexandrie.
2015-01-08 Centre « Dumitru Staniloae »: Pr. Yvan Koenig – Patristique : conférence : Philosophie et culture à Alexandrie. (audio mp3 et podcast)
Deuxième conférence de Patristique du professeur Yvan Koenig en l’année académique 2014-2015 porte sur l’École d’Alexandrie.
Le Pr. Yvan Koenig assure les cours de Patristique (voir le programme complet des cours) dans le cadre du Centre Orthodoxe d’Études et de Recherche « Dumitru Staniloae » (année universitaire 2014-2015).
Philosophie et culture à Alexandrie: Résumé
L’année dernière, lors du deuxième cours, je vous ai présenté la situation des grands courants philosophiques et religieux dans l’Empire et je vous invite à vous y référer. Cette année je souhaiterais me concentrer sur certains aspects qui me semblent plus proprement liés à Alexandrie. C’est dans ce cadre que se situe une des grandes figures de la philosophie : Plotin, qui est le fondateur de l’école néo-platonicienne. Pour cette présentation générale, je m’appuierai sur les travaux de Pierre Hadot, spécialiste de la philosophie grecque, et plus particulièrement de Plotin.
1. Philosophie et christianisme
Il faut bien comprendre que la philosophie à l’époque n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on entend par philosophie aujourd’hui. Il ne s’agit pas de l’exaltation de son ego, au travers de la pensée discursive, mais d’une discipline ascétique, qui suppose la pratique d’exercices spirituels sous la direction d’un maître. C’est précisément cet aspect ascétique de la philosophie qui a poussé les Chrétiens à se présenter, lors des premiers siècles, comme des philosophes. On rencontre cette identification chez les Pères Apologistes, mais aussi chez saint Justin ou encore chez Clément d’Alexandrie. Ces Pères estiment que les philosophes antérieurs à la révélation ont pu recevoir des « semences du Logos », mais que désormais, le Logos étant incarné, les Chrétiens sont les dépositaires de la totalité du Logos, et donc du Verbe intégral.
2. Plotin (205 – 270)
Philosophe alexandrin, il ne prétend pas proposer une conception de l’univers nouvelle. Il se veut commentateur de Platon et vise avant tout à former des disciples grâce à des exercices spirituels. En fait Plotin à fait l’expérience d’un contact avec le divin, qu’il nomme Dieu, l’Un ou le Bien. Cet Un est absolument simple, il se situe au-delà de tout discours, il est au-delà de tout ce que l’esprit peut concevoir, et même au-delà de l’être. Néanmoins, il peut faire l’objet d’une expérience si l’homme « enlève tout ce qui est superflu ». L’originalité de Plotin vient aussi de ce qu’il n’oppose pas le corps et l’âme, comme cela était courant dans l’école platonicienne. Cette opposition sera encore durcie par les gnostiques, qui verront dans l’univers la création d’un dieu mauvais. Mais pour Plotin les différents niveaux de l’univers sont aussi les différents niveaux du moi individuel. Il ne s’agit pas de quitter l’univers pour s’unir à une divinité supra cosmique, comme le proposait les gnostiques, mais de rentrer en soi même, pour atteindre notre moi le plus profond. Il nous décrit cette expérience personnelle : « Souvent, m’éveillant de mon corps à moi-même, devenu alors extérieur à tout le reste et intérieur à moi-même, contemplant alors une beauté merveilleuse, sûr alors d’appartenir au plus haut point au monde supérieur, ayant vécu la vie la plus noble, étant devenu identique au divin, m’étant fixé en lui étant parvenu à cette activité suprême et m’étant établi au-dessus de toute autre activité spirituelle, quand, après ce repos dans le divin, je retombe du Noûs au raisonnement, je me demande comment j’ai pu et cette fois encore, descendre ainsi. » (IV 8, 1.1). Tout l’enseignement de Plotin découle de cette expérience qu’il vise à faire partager à ces disciples.
3. Relations entre paganisme et christianisme à Alexandrie
Ces relations seront tumultueuses. Le patriarche Théophile, depuis le début de son pontificat en 385, menait une campagne contre le paganisme. En 390/1 un édit de Théodose supprima les cultes païens.
Des émeutes éclatèrent et des païens se barricadèrent dans le principal temple d’Alexandrie qu’était alors les Sérapeion et le patriarche demanda l’aide des autorités civiles pour faire appliquer l’édit impérial. C’est dans cette période qu’eut lieu la « querelle anthropomorphiste » dont nous avons parlé dans le cours sur saint Jean Cassien.
Saint Cyrille succéda au patriarche Théophile après sa mort en 412. C’est alors que se situe un épisode violent : le meurtre de la philosophe Hypatie.
Yvan Koenig
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